Sassuolo

L’ovni Berardi

Il arrive parfois de regarder un match et d’avoir l’impression d’assister à la naissance d’un futur champion, c’est ce qui est arrivé à beaucoup d’entre nous hier soir devant Sassuolo-Milan. Domenico Berardi s’est offert les rossoneri à lui tout seul, avec un quadruplé qui va faire beaucoup parler.

L’attaquant neroverde n’est pourtant pas totalement méconnu puisqu’il avait déjà inscrit 7 buts avant la rencontre d’hier malgrè son jeune age, mais on avait encore quelques doutes sur ses réelles capacités, la faute à un triplé contre la Sampdoria (qui réduisait donc à 5 sur 13 les rencontres où il apparaissait sur le tableau des buteurs) et à pas moins de 4 penaltys transformés, soit plus de la moitié de son score. Par prudence, on attendait donc confirmation…de la confirmation de la saison passée. Et oui, n’oublions pas que Berardi avait déjà inscrit 11 buts avec Sassuolo l’an dernier, score qu’il a donc déjà atteint en une moitié de Serie A, c’est dire la vitesse à laquelle il progresse. Mais remontons encore plus loin en arrière, car si on vous parle d’ovni c’est que le calabrais a une trajectoire vraiment particulière. En effet, il s’est fait repérer un peu par hasard lors d’un match de foot à 5 entre potes du côté de Modène où il était parti rendre visite à son frère étudiant alors qu’il était licencié à Cosenza. C’est ainsi que Berardi signe à Sassuolo en U16 pour ne plus jamais repartir, à noter que nous sommes l’été 2010, il y a tout juste trois ans et demi, on appelle ça une ascension fulgurante. Le quadruplé face au Milan le lance définitivement sous les projecteurs, quatre réalisations de pur buteur lui qui est plus souvent habitué à jouer sur l’aile dans un 343 (et même dans un un 451 hier), à la limite du hors-jeu, de demi-volée ou en dribblant le portier adverse, un répertoire déjà très intéressant. Bon certes, la défense du Milan l’a bien aidé et est tout sauf une référence (la 14ème de Serie A), mais à 19 ans, beaucoup de jeunes (surtout italiens) se font conditionner par le prestige de l’adversaire.

Alors maintenant que Berardi explose (deuxième meilleur buteur du championnat à égalité avec Tevez) dans un club qui va jouer le maintien et où il ne s’éternisera évidemment pas, quid de son avenir ? Et bien ne vous en faites pas pour lui, il appartient déjà à la Juventus, non, pas grâce au système qui favorise la Juve selon De Sanctis mais bien grâce au flair des dirigeants de la vielle dame toujours à l’affut des talents autochtones (et la Nazionale dit merci). En effet, ils se sont offerts sa copropriété moyennant un subtil échange de plusieurs moitiés de contrat (Marrone, Zaza, Gabbiadini) l’été dernier. On appelle ça avoir du pif et le sens des affaires. Il pourrait être donc rapatrié à Turin dès le prochain mercato estival pour intégrer l’attaque bianconera car la situation du secteur offensif joue en sa faveur. Ce n’est un secret pour personne, du ménage risque d’être fait derrière le duo titulaire Tevez-Llorente, puisque Vucinic, Quagliarella et Giovinco pourraient tous quitter le club. A 20 ans (il les aura en Aout), Berardi aurait donc déjà une belle place, mais quelques mois plus tôt il pourrait même avoir fait un petit tour au Brésil. Là aussi le timing est à la limite de la perfection, Beppe Rossi très incertain, El Shaarawy aux oubliettes, Osvaldo dans le trou, à ce jour la concurrence sérieuse s’appelle Cerci, Insigne et Gilardino, rien d’insurmontable. Rappelons que Prandelli n’avait pas hésité à amener Borini à l’Euro 2012, l’ex romain n’avait alors que 21 ans et une seule saison de haut niveau dans la besace. La case U21 (que Berardi rejoindra demain en stage pour la première fois) ne pourrait donc être qu’une formalité.

Pour espérer d’être du voyage transatlantique, il faudra pour ça également se discipliner et faire bonne figure auprès de la fédération qui lui avait infligé une belle suspension suite à son refus de participer à la seconde phase de qualification de l’Euro U19 en mai dernier. Mais tout dépendra surtout de la deuxième partie de saison, peu de joueurs réussissent à être régulier et constant à 19 ans. Il suffit de rappeler que son dernier but remontait au 24 novembre dernier avant le quadruplé d’hier soir (entre temps, quatre rencontres sans marquer) pour démontrer que Berardi a encore du chemin à faire mais nul doute qu’il est sur la bonne voie. Le football italien tient probablement là sa future pépite.

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